Pendant la Révolution culturelle chinoise, Chen Zhen est envoyé en Mongolie où il restera deux ans. Dans une brigade nomade, il apprend à respecter Tengri, le dieu de la nature, et succombe au charme des loups de Mongolie, craints et vénérés. En lui croît le désir de capturer un louveteau pour l’étudier…
Est-il meilleur cinéaste que Jean-Jacques Annaud pour filmer la nature ? Après L’Ours et Deux frères (consacré aux tigres d’Indochine), c’est cette fois-ci le loup qui tient le premier rôle dans la nouvelle grande production du cinéaste. Une histoire tirée du best-seller chinois Le Totem du loup, qui avait fasciné le réalisateur au point d’en acheter les droits. Après des années de refus en raison du parti-pris de Sept ans au Tibet, les autorités chinoises ont fini par inviter le réalisateur à préparer son film. Une aventure qui a duré sept ans, le temps d’élever des louveteaux de Mongolie afin qu’ils puissent se prêter au tournage, évitant ainsi au maximum l’usage d’effets spéciaux au profit de scènes réelles.
Et quelles scènes. D’un bout à l’autre du film, les images des animaux sont époustouflantes. Gros plans sur les regards mordorés des loups, scènes de chasse ou d’attaque du village, communication entre les membres de la meute, tout y est, au point que l’on se demande comment l’équipe du film est parvenue à capturer de telles images. De manière générale, la photographie est superbe, les paysages à couper le souffle et la lumière époustouflante. Moi qui ne comprends pas toujours l’intérêt de voir un film sur grand écran, celui-ci mérite complètement le déplacement afin de profiter au maximum de chaque image.
Face à la beauté de la nature, les acteurs ne sont pas en reste et donnent de leur personne, à commencer par le personnage principal (Feng Shaofeng) dont la complicité avec son louveteau est touchante. On retiendra aussi la belle et pudique Gasma (Ankhnyam Ragchaa) et l’antipathique Bao Shunghi (Yin Zhusheng). Tous sont au service d’une histoire palpitante, qui fait passer le spectateur par toutes les émotions en un battement de cils.
Mais l’important dans ce film est surtout le message qu’il délivre : il suffit de la cupidité d’un ou deux hommes pour entraîner, par ricochets, la destruction de tout un écosystème. Le plan où Bao Shunghi s’adresse au chef de la brigade mongole depuis son tracteur flambant neuf ne laisse aucun doute : c’est la modernité, son désir de rationalisation et d’accroissement des richesses qui détruisent l’équilibre fragile entre toutes les espèces habitant la Mongolie intérieure. La violence des hommes est bien supérieure à celle des loups, qui ne tuent que pour se nourrir ou venger le pillage organisé par l’humain dans ses réserves de nourriture.
Un message fort qui donne à réfléchir sur notre mode de vie contemporain pour un film choc. Car les belles images n’excluent pas des scènes sanglantes qui risquent de choquer les plus jeunes ou les plus sensibles.
Un film à voir donc, et sur lequel il sera bon de réfléchir et d’échanger.