Joséphine, presque trente ans, est accro au shopping, piètre cuisinière, reine des histoires d’amour foireuses, et très jalouse de sa petite sœur parfaite. Alors quand celle-ci annonce son mariage, Joséphine ne peut résister au plaisir de lui voler la vedette en s’inventant un fiancé chirurgien au Brésil…
Adaptation de la BD de Pénélope Bagieu, ce film me semblait une occasion de rigolade non négligeable. Je n’avais lu que quelques planches de la BD, mais j’avais une vision plutôt sympathique de l’univers de la dessinatrice. L’affiche pop aux couleurs acidulées promettait de rester dans le ton léger des aventures sur papier de la blonde callipyge.
Je ne doutais donc pas que j’allais passer une agréable séance et rire de bon cœur devant le film d’Agnès Obadia, transfuge du cinéma d’auteur ayant accepté la commande des producteurs qui avaient racheté les droits de la BD. Mais le film oserait-il être intelligent ou se bornerait-il à une sorte de remake de Bridget Jones à la française ?
Je dois avouer que j’ai ri, mais que je n’ai pas été transportée. Marilou Berry prête son énergie et son physique de Madame-tout-le-monde à l’anti-héroïne de Pénélope Bagieu version grand écran. Elle met du cœur à l’ouvrage et ça fonctionne. Mais du coup on peut regretter que les autres personnages restent juste esquissés. Les meilleurs amis sont vus comme une unique entité à plusieurs têtes (Rose, Cyril, et Chloé, un peu plus différenciée par une Bérengère Krief qui ressert la partition girly et aguicheuse qu’on a pu découvrir dans Bref), la DRH trop gentille reste dans son rôle de potiche, la sœur parfaite n’est jamais vue autrement que par les yeux jaloux de Joséphine, et finit, comme on s’y attendait, par péter les plombs. Seul Mehdi Nebbou, en collègue un peu timide et maladroit qui se transforme pour la blonde déboussolée en homme idéal, a le droit à quelques scènes un peu plus creusées. Parmi ces rôles secondaires, on aime bien Julien – Charlie Dupont, vu dans Hard, qui joue avec une certaine crédibilité le salopard de service.
On ne peut pas tellement reprocher au film de perdre l’esprit de la bande dessinée, car on reste dans les tribulations cocasses et plus ou moins abracadabrantes (comme la nuit passée dans la grande roue de la place de la Concorde) de cette trentenaire, pleine de défauts censés favoriser l’identification. Pour autant le scénario ne suit pas celui des livres, puisqu’il supprime des personnages, comme Olivier et Simon, deux des amoureux temporaires de Joséphine, au profit de Gilles, dont le rôle est très différent à l’origine. Mais force est de constater qu’on s’en tient souvent à des situations caricaturales, telles que ce dîner chez Joséphine où elle profite de sa position de spectatrice pour gâcher l’ambiance par un coup de fil perfide, ou le repas de famille où elle se rend nue sous son manteau.
On a l’impression que les silhouettes sont aussi peu fines que des ébauches crayonnées, alors que tout l’intérêt de l’adaptation aurait justement été de donner de la profondeur à ces personnages de papier en les faisant incarner avec subtilité. Si on est forcément surpris par certaines scènes délirantes (sans doute les plus réussies, comme celle de la danse de Gilles avec ses nièces, et la reprise de celle-ci lors de la soirée déguisée, jolie perle poétique), l’ensemble reste assez convenu et se clos sur un happy end décevant car attendu.
Au final le film fait beaucoup rire, certes, mais on ne s’attache pas vraiment aux personnages, dont la gentillesse ne semble pas la qualité première, à l’exception de Gilles, sans doute. Le happy end agace ainsi que la moralité sous-jacente : on peut trouver l’amour et le bonheur même quand on est bourré de défauts, il suffit d’être honnête et de prendre la peine de s’intéresser aux gens qui nous entourent même s’ils ne payent pas de mine. Ou comment servir une conclusion on ne peut plus convenue à une comédie qui se voulait fantaisiste.
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